Info Rapide CFDT n°53 du 07 novembre 2018
Suite à la mise en ligne d’une pétition qui a reçu un soutien massif, des appels à
manifester « Pour une baisse des carburants à la pompe ! » ont été lancés.
L’ensemble des mécontentements face à la vie chère et à la dégradation du pouvoir
d’achat s’est cristallisé dans un appel à des blocages le 17 novembre. Aujourd’hui,
des mouvements populistes et des expressions démagogiques se saisissent de cette
question aux répercussions sociales et environnementales de premier ordre.
La CFDT ne s’associe pas à cette mobilisation et appelle ses structures et
militants à ne pas y participer.
La hausse des prix est surtout due à la hausse du prix du baril de pétrole (qui
explique 70% de la hausse du prix de l’essence à la pompe). À cette hausse s’est
greffée l’augmentation programmée de la taxe carbone ainsi que le rattrapage de la
fiscalité du diesel, longtemps plus favorable que l’essence. Résultat : le prix du litre
de gazole atteint 1,52 € le litre en octobre 2018 (+ 28 centimes par rapport à octobre
2017), presque son prix de janvier 2012. Le litre de sans plomb 95 atteint 1,56 € le
litre (+ 16 centimes par rapport à octobre 2017).
Rappelons que cette hausse de la fiscalité s’inscrit dans la stratégie bas
carbone adoptée par la France pour faire face au réchauffement climatique. En
agissant sur les prix des carburants, la France s’efforce de respecter les
engagements pris dans l’Accord de Paris. Le dernier rapport des scientifiques du
GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), publié début
octobre, a rappelé l’urgence à agir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C
maximum d’ici 2100.
Cette question n’est pas une problématique d’urbains ou un message destiné aux
pays en voie de développement : les activités humaines ont déjà provoqué un
réchauffement climatique d’environ 1°C. Si nous ne parvenons pas à réduire
drastiquement notre consommation d’énergies fossiles afin de maitriser nos
émissions de CO2, c’est la question de notre vie sur terre qui est posée.
Pour autant, la transition ne peut se faire au détriment de la justice sociale. Il faut
des réponses aux problématiques engendrées par la hausse des prix des carburants.
Une partie de la population subit de plein fouet ces hausses des prix et voit son
pouvoir d’achat entamé. Mais demander la baisse du prix des carburants est une
mauvaise réponse à des problèmes bien réels. C’est une promesse aussi illusoire
(raréfaction des ressources et donc augmentation des prix) que néfaste pour
l’environnement : les prix, les consommations et les émissions de CO2 sont
étroitement liés.
La CFDT revendique :
– des compensations financières pour ceux qui n’ont pas le choix de leur
mode de transport et qui voient leur pouvoir d’achat sensiblement
réduit ;
– l’affectation prioritaire des recettes issues de la consommation des
énergies fossiles aux investissements en faveur de la transition
écologique et à l’aide aux ménages pour la conversion écologique.
Ce n’est pas en faisant croire à la solution d’une baisse des prix des carburants que
l’on répondra aux problèmes de pouvoir d’achat des citoyens. C’est par la diminution
de la consommation d’énergie, la diminution du prix du foncier et des loyers ou
encore la réduction des déplacements domicile/ travail que l’on redonnera des
marges de manoeuvre budgétaires aux citoyens.